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Dacia Sandero et Duster, ces best-sellers mondiaux de Renault qui détrônent la Clio
Les Renault les plus vendues dans le monde? La Clio? Faux. Au premier semestre 2021, selon les chiffres que vient de publier le constructeur au losange, c’est la Dacia Sandero d’entrée de gamme qui remporte la mise avec 149.000 véhicules écoulés (y compris sous le label Renault hors d’Europe), devant le SUV Duster (142.500) et la Clio (140.800). L’an dernier, c’était clairement la Clio qui menait la danse (146.000 ventes toujours sur le premier semestre) devant la Sandero (115.400) et le Duster (105.000). Au total, le groupe Renault a vendu, sur les six premiers mois de 2021, 466.000 véhicules à bas coûts (Dacia et modèles équivalents chez Renault plus les Kwid et Triber à très bas coûts en Inde ou Amérique du sud). Soit le tiers de ses ventes totales. Et, si l’on ajoute les modèles également à bas prix de la marque russe Lada (208.000 sur le semestre), on arrive à 47%! Soit quasiment une vente sur deux. Un pourcentage énorme. Le manque de rentabilité structurelle de Renault s'explique en grande partie par ces chiffres. Ce dont Luca De Meo, le nouveau directeur général du constructeur tricolore, est conscient.
Renault est donc prisonnier du succès de ses véhicules pas chers produits dans des pays émergents (Roumanie, Maroc pour les modèles Dacia écoulés en Europe), nés avec la première Logan de 2004. Des véhicules de plus en plus prisés, notamment sur le Vieux continent. La France et l'Italie sont les deux premiers débouchés de Dacia. Certes, les marges sur les Dacia Sandero et Duster sont honorables -elles ne sont pas publiques. Tout comme les marges d’Avtovaz (7,9% en opérationnel au premier semestre), le fabricant des Lada contrôlé à 68% par Renault.
Le prix de vente d’une Dacia en Europe: 12.000 euros
Le hic, c'est que ces marges portent sur des prix forcément bas! Le prix de vente moyen d’une Dacia en Europe est en effet "de 12.000 euros environ, contre 15-16.000 euros pour une voiture de marque Renault", précise Xavier Martinet, directeur des ventes et du marketing de Dacia. "Il y a quelques milliers d’euros d’écart entre un modèle de la marque et une Renault équivalente (au prix final payé par le client), soit un différentiel de 20%", souligne le dirigeant, ajoutant: le prix de vente moyen de Dacia est "de 50% inférieur à celui du marché européen". C'est la raison d'une telle popularité, mais aussi de la régression sur le moyen terme de la part de marché de la marque Renault en Europe au profit de Dacia. Ce qui n'était certes pas l'objectif initial du groupe dans les années 2000!
Pour faire évoluer la rentabilité, il y a deux solutions. La première est de faire monter en gamme les produits Renault. Une stratégie qui a échoué jusqu'ici, vu le fiasco des derniers Espace, Talisman, Koleos. L'autre solution, l'une n'empêchant pas l'autre, est de faire évoluer les Dacia. Un chemin étroit, car celles-ci se vendent essentiellement pour leur prix, le plus bas du marché. Il n'empêche. "Nous allons augmenter le prix moyen de 30% d'ici à 2025", affirme ainsi Denis Le Vot, directeur commercial du groupe Renault mais aussi patron des marques Dacia et Lada. Il s’agit de garder des versions d'accès, mais de faire la promotion de dérivés un peu plus chers. La version pseudo-baroudeuse de la Dacia Sandero III sortie en fin d’année dernière, la Stepway avec ses protections en plastique noir et barres de toit, coûte ainsi en fabrication quasiment le même montant au constructeur, mais elle est proposée au client à partir de 13.090 euros (en France), contre 8.890 euros pour une simple Sandero. Et, malgré ce différentiel conséquent, elle se vend... bien. La Stepway représente même aujourd'hui 75% des ventes du modèle selon la marque, contre 50% pour l'ancienne génération. C'est une voie à suivre.
Montée en gamme chez Dacia et Lada
"Le futur Dacia Duster III sera aussi plus valorisant, ça participera de la montée en gamme", pronostique Luca De Meo. Le directeur général avait surtout annoncé début 2021 un futur gros SUV, dont le concept Bigster a été alors dévoilé. Celui-ci devrait mesurer 4,60 mètres de long, trente de plus que le Duster actuel. Ce Bigster "nous permettra d’exploiter de nouveaux territoires, sortir par le haut et donc atteindre des objectifs de rentabilité supérieurs",explique Luca De Meo. Le tarif, non dévoilé, de ce Bigster sera record pour une Dacia. Il pourrait aller de 25.000 à plus de 30.000 euros environ –soit 8.000 à 10.000 de plus que le modèle de pointe Dacia d’aujourd’hui, l’actuel Duster. Sortie en 2024.
Il existe par ailleurs une même volonté de montée en gamme chez Lada, avec le futur 4x4 Niva prévu fin 2024, qui "sera vendu 12.000 à 16.000 euros", d’après Nicolas Maure, directeur général des opérations du groupe Renault en Russie. Et ce petit tout-terrain pur et dur sera suivi "en 2025-2026 d’un dérivé long qui pourrait s’appeler Grand Niva à des tarifs jusqu’à 20.000 euros". Objectif: remplacer le Niva actuel, un véhicule sorti en… 1977 et coûtant seulement de 8.000 à 14.000 euros! Rude gageure.
