Très bonne analyse, comme toujours, que je partage entièrement.
Renault a beaucoup gagné à recruter Laurens van den Acker au design, à la place de Patrick Le Quément, que j'ai eu l'occasion de croiser professionnellement et qui conjuguait piètre talent et ego démesuré.

Renault/Dacia Allemagne qui connaît bien la passion des allemands pour la "belle foiture" avait fait une campagne publicitaire clin d'oeil sur le Duster "Anti-Status Symbol", qui résume bien le clivage entre les tenants de la voiture représentative et ceux de la voiture fonctionnelle.

Le gros atout du Duster, c'est qu'il est à la fois fonctionnel et fun, et qu'il enfonce un coin dans les certitudes des auto-frimeurs... Là où Dacia a fait du pur fonctionnel comme avec la boîte à chaussures Lodgy, il s'est planté. C'est là où tout le talent de van den Acker sera requis pour l'évolution de la gamme...
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Pendant que j'y suis : premières stats du mois de mars. Bonne progression de Peugeot et de Renault, avec un Dacia à + 53% dû surtout au DP2 étonnant, non

http://online.wsj.com/article/BT-CO-201 ... 01458.html

Je suis perplexe à la lecture de cet article. En gros, si je comprends bien l'idée générale, il est reproché à Renault d'avoir investi dans Dacia, sous prétexte que ça a dévalorisé son image de marque vis à vis de la concurrence (notamment allemande). Du coup, Renault serait désormais perçu comme une marque "low-cost" dans son ensemble.

Je ne pense pas que les clients soient aussi binaires que ça !

Personnellement, je félicite le président de Renault de l'époque, monsieur Schweitzer, d'avoir été clairvoyant. Le déclin dramatique de Peugeot lui a donné raison. Nous avons d'un côté une marque qui s'est diversifiée en investissant dans d'autres marques (Nissan et Dacia) et qui a osé le low-cost (astucieusement rebaptisé gamme "entry"), de l'autre une marque qui a fait des efforts énormes pour monter en gamme, mais qui échoue à cause d'une image de marque "franchouillarde-vieillotte-pépère" totalement irrationnelle, mais qui lui colle aux pneus.

De nos jours, les allemandes se vendent bien. Très bien même. La résurrection d'Audi est même surprenante à plus d'un titre. Est-ce uniquement du à leurs qualités ? Pas seulement. Des études récentes publiées ici et là montrent objectivement que les voitures allemandes ne sont pas plus fiables que les voitures Françaises et qu'elles le sont même beaucoup moins que nos Dacia ! Sont-elles plus belles que les autres ? Ça se discute quand on voit le look austère des VW. Sont-elles meilleures ? A prix de vente équivalent, pas systématiquement. Alors pourquoi ce succès d'estime de la part des "bouffeurs d'allemandes" ? En grande partie parce que rouler en allemande assoit le statut social du conducteur !

Comme le disait Paul Bismuth il y a quelques années de ça : si t'as pas une Rolex à 50 ans, c'est que t'as raté ta vie ! Pour la grosse berline allemande, c'est pareil. Si t'es chef d'entreprise ou cadre commercial et que t'arrives chez un client en Logan, avec une montre achetée chez carrouf' au poignet et un Android à 150 Euros dans la poche, ça l'fait pas ! Tu vas te faire prendre de très haut. C'est totalement débile mais c'est comme ça. C'est révélateur du monde d'apparence et de superficialité dans lequel nous vivons. Succès = berline allemande + Rolex + iPhone dernière génération. C'est du moins comme ça que beaucoup voient les choses (pas moi je vous rassure).

Peugeot aura beau se battre, faire de belles voitures, fiables, performantes... leurs ventes n'atteindront pas les sommets des allemandes tant que les clients n'auront pas ENVIE d'acheter une Peugeot. C'est totalement irrationnel, nous sommes bien d'accords. Renault a choisi son camp : proposer une gamme pour les clients plus modestes (qui souffrent de la crise), mais aussi pour ceux qui accordent moins d'importance à l'apparence et qui veulent se concentrer sur l'essentiel : avoir un véhicule agréable à regarder et à conduire, assez grand, fiable, suffisamment équipé, pas trop cher. Et ils ont sorti le Duster et c'est un succès.

Moi je dis bravo, et tant pis pour les journalistes à deux balles qui publient des articles chagrins. Si Renault n'avait pas investi dans Dacia, aujourd'hui, on peut parier qu'ils seraient dans l'état de Peugeot. Et alors, les journalistes, qu'auraient-ils écrit ? Sans doute qu'on aurait raté le virage du low_cost

En revanche, je pense que si Renault a perdu de nombreux clients, c'est aussi et surtout parce qu'ils se sont entêtés à fabriquer des voitures très très moches (ou peut-être trop novatrices : je pense à la génération des avantime et autres vel-satis), pas fiables (laguna 1, modus 1...) ou tout simplement pas dans l'air du temps. A chaque fois que Renault a fabriqué des voitures sympas et fiables, ça a été un carton (clio, twingo 1, Mégane 1, espace...). Il y a peut-être là matière à réfléchir.

Les immatriculations françaises ont bondi de 8,9 % en mars

http://www.autodeclics.com/actualite_vo ... _mars.html

:arrow: http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 661371.php

sans commentaire...
"Jusqu’où ira Dacia ? La marque « low-cost » de Renault continue d’avaler les parts de marché sur le marché français. Sur le seul mois de mars, ses ventes ont grimpé de 52,7 %, à 10.307 voitures (hors utilitaires), soit un rythme très supérieur à celui du marché (+8,9 %). Depuis le début d’année, Dacia affiche également la plus forte croissance des constructeurs (+25,5 %, contre 2,9 % pour l’ensemble du marché), ce qui place la marque loin devant Nissan (3,96 %), Ford (4 %), Toyota (3,78 %), Opel (3,48 %) et les premium allemands.

En deux ans à peine, la marque a ainsi gagné plus de deux points de part de marché, et se rapproche même de Volkswagen, qui détient depuis le début d’année 7,73 % de parts de marché, avec des volumes en baisse de 4,6 %. La marque allemande bénéficie toutefois de sa forte présence sur le marché des entreprises, sur lequel Dacia n’est pas présent. En ne prenant en compte que les ventes aux particuliers, la marque de Renault est désormais devant son concurrent allemand, et pourrait ainsi venir, à terme, lui disputer sa quatrième place sur le marché hexagonal."