Bonjour,
je vous propose une interview exclusive de votre forum préféré, du directeur et rédacteur en chef de Daciattitude : Olivier DUHAUTOY, lequel a accepté avec gentillesse et professionalisme de répondre à quelques questions, malgré un agenda chargé.
Ce texte est tiré d'un document Word lequel étant copié n'est pas d'une lisibilité parfaite...Bonjour Olivier, merci d’avoir accepté notre invitation.De rien et avec plaisir, Dusterteam est un forum que nous apprécions beaucoup et un de ceux qui nous ont donné envie de nous lancer dans l’aventure !
En quelques mots, pourrais-tu nous décrire ce (notre) nouveau magazine.En quelques mots cela va être difficile, je suis un grand bavard

Disons que Daciattitude est le premier magazine en France (allez, n’ayons pas peur des mots, au monde, puisque même en Roumanie aucune publication similaire n’existe) entièrement dédié à la marque Dacia. Nous sommes indépendants du constructeur et même si nous sommes évidemment passionnés par la marque, nous tenons à garder un regard objectif. Daciattitude n’est pas une publicité pour la marque, nous parlons des défauts quand il y en a, que ce soit ceux que nous trouvons à l’occasion de nos essais ou ceux que dont les lecteurs nous font part. Car c’est aussi une particularité du magazine, nous impliquons les lecteurs en leur demandant leurs témoignages, leurs expériences et leur avis. Les membres de Dusterteam sont évidemment les bienvenus dans nos colonnes s’ils veulent nous parler de leur voiture, que ce soit un Duster ou une autre Dacia !
Dacia, pour toi, phénomène de mode d’un point de vue économique ou nouvelle orientation de ce que pourrait représenter une part non négligeable, de la future stratégie et industrie auto de demain, à savoir une augmentation importante des véhicules à prix accessibles ?Phénomène de mode, non, je ne pense pas. Déjà parce que Dacia s’est d’abord construit, notamment en France, contre la mode justement. La mode du toujours plus « techno », du toujours plus cher, du toujours plus complexe. A la différence de plusieurs véhicules concurrents « déshabillés » pour en faire des versions à bas prix, les Dacia ont été conçues autour de l’idée de partir de zéro pour obtenir un véhicule sans compromis mais à prix accessible. La clientèle a adhéré à cette démarche plus profondément qu’on ne le croit généralement : je pense que Dacia n’est ni une mode ni une réponse à la crise, mais témoigne d’un changement de comportement d’une partie des automobilistes. Un changement que je crois d’autant plus durable que les produits de la marque évoluent (design, équipements, motorisations…) sans rien renier de leur positionnement et sans augmenter leurs prix.
Si l’on regarde rapidement le marché automobile actuel, on constate deux phénomènes opposés et pourtant à mon avis complémentaires : le succès des marques « Premium » qui répondent à un besoin précis d’une clientèle voulant des voitures avec une forte image et une forte valeur ajoutée, et le succès des modèles dits « économiques » et en particulier Dacia qui répondent à un besoin de simplicité et d’efficacité. Entre les deux, beaucoup de marques généralistes souffrent, car elles ne répondent finalement pas complètement à ces deux besoins. C’est d’ailleurs amusant de constater qu’un Duster est aujourd’hui l’une des voitures les plus rentables, avec des marges (en proportion bien sûr, pas en valeur) proches de celles d’une Porsche 911. C’est la preuve que ces deux stratégies fonctionnent et que beaucoup de constructeurs vont tenter à la fois de monter en gamme, mais aussi de développer des produits plus accessibles. Mais Dacia a pris beaucoup d’avance et a dû bousculer les codes, avant tout d’ailleurs chez Renault où au début des années 2000 le projet a été accueilli pour le moins fraîchement. Il faudra je pense encore beaucoup de temps pour qu’une vraie alternative existe chez les autres constructeurs, d’autant que Dacia a défriché le terrain avec désormais deux générations complètes. En « temps automobile » c’est énorme, et difficilement rattrapable.
A ce titre, Dacia ne répond t-il pas à tes yeux, à une alternative intéressante envers les constructeurs chinois qui ne devraient pas tarder à « envahir » l’Europe, donc la France ?Très honnêtement, je travaille dans la presse auto depuis des années, et on nous annonce régulièrement l’invasion des voitures chinoises. Pour avoir pu en essayer quelques unes et avoir eu la chance de me rendre en Chine et d’y conduire, je ne crois pas à cette invasion imminente tant la majorité des productions chinoises est inadaptée à une arrivée en Europe. Tenue de route, sécurité passive et active, qualité de finition, motorisation, consommation, pollution… L’industrie automobile chinoise n’est pas mauvaise en soi mais répond avant tout à une énorme demande sur son marché intérieur, avec des normes nettement moins strictes et surtout une clientèle qui découvre depuis quelques années seulement l’automobile de masse et qui n’a pas le même niveau d’exigence. Et quand le niveau d’exigence existe, les clients privilégient les productions européennes : il n’y a qu’à voir le succès de Volkswagen et d’Audi en Chine ! Or Dacia a conquis le public européen et français justement parce que les voitures ne faisaient pas de compromis sur les critères principaux recherchés par la clientèle qui n’acceptera pas de voitures « quincailles » même à un prix intéressant. Quant au prix justement, il ne sera peut-être pas si avantageux : mettre les voitures chinoises aux normes européennes augmentera énormément le prix de base et gommera en partie l’avantage du coût de main d’œuvre qui n’est finalement pas le paramètre principal dans le prix de revient d’une auto. Quant aux premières voitures chinoises qui vont effectivement arriver sur le marché, elles ne cibleront de toute façon pas les Dacia : les constructeurs chinois vont d’abord chercher à convaincre sur des produits positionnés « premium », je pense notamment aux futures Qoros. Et surtout, je ne suis pas convaincu que le marché européen, en crise et aux volumes en baisse, intéresse tant les Chinois qui ont déjà du mal à répondre à la demande intérieure !
Par contre, l’image de Dacia est fortement associée au low-cost mais cela est-il toujours essentiellement le cas, surtout lorsqu’on regarde l’ensemble des modèles qui ont considérablement évolués en terme de qualité, de finition et d’équipement ? Nous sommes loin des 1ers modèles.Je pense sincèrement, qu’à part pour quelques esprits chagrins, Dacia n’est plus synonyme de low-cost depuis longtemps. A vrai dire, c’est surtout la presse qui a présenté ainsi Dacia au début, par besoin sans doute de ranger cette nouvelle marque dans une catégorie précise vu que rien de comparable n’existait jusqu’alors. C’est vrai qu’avec la crise et l’arrivée de nouveaux modes de consommation (hard discount notamment), on a associé Dacia avec le low-cost. Mais très rapidement les clients – le meilleur vecteur de communication de la marque selon moi – ont vu qu’ils n’achetaient pas seulement un prix. Plus exactement, avec Dacia on achète avant tout un rapport qualité/prix unique sur le marché, pour schématiser « plus de voiture pour moins d’euros »

L’image est quelque chose de très difficile à construire en automobile et une marque comme Citroën par exemple a fait un travail remarquable pour changer son image en quelques années. Dacia a fait encore plus fort car la marque a tout simplement inventé une nouvelle image, celle de l’achat malin, qui parle à tout le monde, que l’on aime ou pas l’automobile. Mais la communauté Dacia a aussi montré que l’on pouvait se passionner, se rassembler et échanger autour de ces nouvelles valeurs, de cette nouvelle image. Le Duster y a beaucoup aidé, car il a permis de conquérir une nouvelle clientèle, et il a sans douté été le premier véhicule « passion » de Dacia pour ceux qui étaient auparavant peut-être réticents à la marque. Et la nouvelle génération (Lodgy, Sandero et Logan 2, MCV 2…) ont en effet considérablement évolué côté design et équipement, ce qui rend à mon avis totalement caduque la notion de low-cost les concernant. La meilleure preuve est le taux de fidélité à la marque : de nombreux clients de la première génération signent pour des nouveaux modèles ou achètent une seconde Dacia pour leur conjoint/conjointe, leurs enfants… Or dans le low-cost, il y a une notion de contrainte financière, et si les clients renouvellent leur choix, c’est sans doute parce qu’ils sont libres de le faire.
Au-delà des aspects évoqués, ce constructeur semble fédérer avec bonheur un ensemble d’acheteurs très disparates sur tous les points : catégories socio-professionnelles, sexe, âge… N’est-ce point étonnant de nos jours, où ce phénomène, à mes yeux apparaît comme relativement rare ?
Je ne parle pas du point de vue des constructeurs de véhicules de luxe, de sport ou Premium. Effectivement Dacia touche aujourd’hui à peu près tous les âges et toutes les catégories socioprofessionnelles. On voit des Sandero Stepway dans les beaux quartiers, des médecins ou des vétérinaires adoptent le Duster, des familles préfèrent offrir à leurs enfants une Sandero neuve qu’une voiture d’occasion… C’est une preuve supplémentaire que la marque ne renvoie plus à une image low-cost et qu’elle fédère au-delà du simple argument du prix. Je dirais même qu’aujourd’hui, pour une partie de la clientèle, rouler en Dacia a presque un aspect « militant » dans le sens où c’est aussi afficher qu’on a d’autres valeurs que l’apparence et l’image que l’on renvoie. Cela n’est en rien incompatible avec le fait de personnaliser éventuellement sa voiture, au contraire : les clients Dacia ne sont pas pour autant des anti-consuméristes forcenés mais ils démontrent simplement qu’ils conçoivent la voiture d’une manière plus raisonnée, plus adaptée à leurs besoins réels. Là encore le Duster occupe une place à part, car de son côté il fédère aussi des amateurs d’aventure, de découverte, qui ont trouvé l’engin idéal pour donner libre cours à leur passion.
De même, des rassemblements nationaux sous un unique logo, réunissant de nombreux utilisateurs de berlines, breaks, citadines et 4x4 est à la fois original mais très apprécié semble
t-il.
Ton avis à ce sujet ?Le pique-nique Dacia est aujourd’hui une institution et un temps fort pour la communauté Dacia. De la Logan 1.4 base au Duster Dci 4x4 toutes options, les clients se mélangent et se rassemblent l’espace d’une journée, créent des liens, échangent leurs expériences. Le phénomène est d’autant plus remarquable que l’on rencontre lors des « GPND » des Daciaistes venus parfois de l’autre bout de la France pour le simple plaisir de se réunir. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le principe du grand-pique nique vient des clients eux-mêmes, lorsque pour la première fois en Hollande des propriétaires de Dacia ont eu l’idée de se retrouver entre eux : il y a là bas une culture automobile très présente, notamment autour de la marque Citroën qui compte de nombreux adeptes déjà habitués des rassemblements et autres concentrations. Ce qui est intéressant, c’est que le phénomène s’est retranscrit sur une marque nettement plus « neuve », sans réel passé (en Europe de l’Ouest) et sans modèle mythique comme peuvent l’être la 2CV, la Traction ou la DS. Dès le premier GPND en France, la marque a réuni plus de 4000 personnes, en 2009, alors que la marque ne comptait que 3 modèles (Logan, Logan MCV et Sandero). En 2010, je me suis rendu au GPND à Mousseaux avec un Duster du parc presse de la marque, il venait tout juste de sortir et je travaillais alors pour une revue de 4x4. J’ai fait essayer le Duster à quelques participants, et j’ai été frappé, dans les témoignages recueillis, par l’enthousiasme général autour de la voiture bien sûr, mais surtout autour de la marque. Il me semblait qu’au-delà des clichés encore véhiculés à l’époque (low-cost, clientèle contrainte financièrement…), on était en train de voir une véritable communauté émerger et, au-delà, une réelle ferveur autour des valeurs et des produits de la marque. C’est en quelque sorte ce jour là que l’idée de Daciattitude a germé, même s’il a fallu plus de 3 ans pour la concrétiser.
Dernier point, Dusterteam oblige, que représente le Duster pour Daciattitude ?Pour commencer, Duster c’est d’abord le jour des essais presse au Maroc, début 2010, une vraie révélation. Pour les qualités globales du véhicule bien sûr, son design et son rapport qualité-prix, mais surtout par ses capacités en utilisation 4x4. Comme beaucoup, je m’attendais avant les essais à un simple SUV de plus sur le marché, avec de modestes aptitudes en franchissement. Et là, une vraie claque ! Non seulement le Duster faisait mieux que se défendre malgré l’absence de réducteur mais en plus il ouvrait la porte de la pratique du 4x4 à tous. Ce pressentiment était juste car le Duster a permis à beaucoup de découvrir les joies du 4x4 mais il a également gagné sa place parmi les « vrais » véhicules tout-terrain. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui le nombre de Duster préparés qui prennent le départ de voyages ou de raids, le nombre d’amateurs ou de pros qui complètent ou remplacent leur 4x4 par un Duster. Il n’y a pas si longtemps, je discutais avec un baroudeur pur et dur, amoureux du voyage en 4x4, qui depuis 30 ans pratique à haute dose, et qui vient de changer son Toyota HDJ 80 pour un Duster ! Le Duster c’est avant tout un véhicule extrêmement polyvalent, capable de faire la route du boulot tous les jours, d’emmener les enfants à l’école, mais aussi d’affronter les pistes ou d’offrir des aptitudes extraordinaires dans les dunes. Son succès s’explique aussi par sa faible consommation, c’est l’outil idéal pour voyager quand on est habitué à des 4x4 qui engloutissent 10 ou 12 l/100 km ! Sans parler de son comportement sous la neige… Et je n’oublie pas non plus la version 4x2 qui ne permet pas les mêmes prouesses en franchissement mais qui permet déjà de s’évader bien au-delà de ce que permettent la plupart des voitures. Bref pour Daciattitude, le Duster est assurément un jalon essentiel dans l’histoire de Dacia, qui a à la fois apporté une nouvelle clientèle à la marque mais aussi étendu son « répertoire » en allant défier des véhicules bien plus cher sur leur terrain. C’est enfin une communauté très active et très intéressante, Dusterteam en est la preuve !
Aurais-tu une question à poser à la communauté des amateurs de Dusters ?Oui, et elle est assez simple : que voudraient voir les amateurs de Duster et membres de Dusterteam dans Daciattitude ? Concernant le Duster évidemment, mais aussi d’une manière plus générale concernant les autres Dacia ? Nous avons de nombreux projets de reportages à venir, et nous serions ravis d’intégrer certaines idées ou thèmes suggérés par les membres de la communauté. Et nos colonnes sont bien sûr ouvertes à tout possesseur de Dacia voulant témoigner !
Merci au nom de notre forum et je ne peux que souhaiter longue vie à Daciattitude.Merci à vous et au plaisir de vous retrouver sur Dusterteam !